Ecriture

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3 réflexions au sujet de « Ecriture »

  1. Je remets ici l’histoire de juju99 du blog Ma Boîte à livres qu’elle avait posté sur l’ancien blog! 😉 N’hésitez pas à lui donner votre avis, des conseils, ça lui fera plaisir!

    « Survivre à tout prix » de juju99

    20 décembre 2012 : Vacances, ce soir !

    Au collège, l’atmosphère était électrique, aujourd’hui. Les élèves murmuraient entre eux – certains faisaient des blagues stupides à haute voix, faisant sursauter les petits sixièmes – et les profs parlaient tout bas, stoppant leur conversation dès que quelqu’un approchait.
    Tout ça à cause des vacances, ce soir ? Non. La fin du monde prévue – soi-disant – pour demain. Tout le monde n’avait que ça à la bouche. De ce fait, on pouvait classer les gens en trois groupes :
    -Le premier, celui des superstitieux. Comme les incas ont terminé leur calendrier le 21 décembre 2012, ils étaient morts de peur et se terraient dans les toilettes en sanglotant. Les plus croyants priaient dans la cour et faisait une bise – d’adieu, peut-être ? – à tous ceux qu’ils connaissaient.
    -Le deuxième groupe, ceux qui n’en ont rien à faire. Pour eux, il fallait bien que les incas terminent un jour leur calendrier, et c’est donc normal que ce soit demain. Alors tout irait bien, un peu comme le 31 décembre 1999 : des milliers de gens se sont suicidés, pensant à la fin du monde. Et ben, raté, le monde a continué de tourner. Ce sont ceux qui n’y croient pas qui font les malins en effrayant tout le monde avec leurs vannes stupides.
    -Et enfin, le groupe des mitigés qui, comme moi, se taisent et attendent les évènements. Même si, dans leur esprit, ils savent parfaitement qu’il ne se passera rien, ils préfèrent ne pas s’avancer trop vite dans des conclusions… parce que, si la fin du monde a lieu demain, mieux vaut prévenir que en rire.
    Les profs, je les classerais plutôt dans la dernière catégorie. Ils rigolent entre eux devant les élèves, font comme si tout va bien, mais en réalité… à force de voir toutes ces publicités « anti fin du monde » et « prévention des évènements » dans la rue et à la télévision, je pense qu’ils commencent à douter sérieusement.
    En cours de maths, M. Vasseur n’arrivait pas à en placer une, il était sans cesse coupé par des petits plaisantins, qui trouvaient drôle de s’écrier en pleine classe : « Mais monsieur, ça va nous servir à quoi les maths, puisque demain on est tous morts ? ». Des gloussements nerveux montaient à la gorge des autres élèves. Moi, j’étais plus agacée qu’amusée. Je pensais à maman, Damien, et à papa – mort depuis déjà deux ans.
    Quand je suis rentrée à la maison, cet après-midi-là, maman regardait le flash infos à la télévision. Je l’ai rapidement embrassée en m’asseyant auprès d’elle.
    -Ils parlent de la fin du monde ? me suis-je enquit d’une voix blanche.
    Maman m’a fusillé du regard.
    -Ne raconte pas n’importe quoi, Léna, tu sais bien que toutes ces rumeurs sont fausses. N’en parle pas à Damien, tu risques de l’effrayer. Il m’a dit qu’à l’école, un élève de CM1 a fait une tentative de suicide… à cause de cette soi-disant « fin du monde ». Je ne veux pas qu’il ait des idées de ce genre.
    Elle n’avait pas vraiment répondu à ma question, alors j’ai répété, plus fort cette fois. Maman semblait exténuée et elle m’a fixée avec ce regard que je déteste tant, mélange d’exaspération et d’agacement.
    -Les scientifiques ne savent plus où donner la tête, avec tous ces gens qui les pressent pour avoir des réponses. Ils disent que, normalement, un petit astéroïde devrait passer près de la terre vers minuit… autrement dit demain, mais rien de dangereux. Ils contrôlent sa trajectoire.
    Guère convaincue, j’ai foncé dans ma chambre pour faire mes devoirs. À minuit, je serais devant ma fenêtre, prête à guetter le moindre phénomène. Comme tous les habitants du monde, je suppose…

    Damien était bouleversé par la tentative de suicide de l’un de ses camarades, ce soir. Il avait le regard vitreux, et une migraine a commencé à poindre, vers vingt-heures. Maman a essayé de le rassurer, de lui dire que tout allait bien, mais comme moi, il avait l’air persuadé que quelque chose d’important se déroulerait ce soir. Au dîner, on a supplié maman de nous laisser voir la météorite, et elle a fini par accepter. Après manger, je me suis précipitée vers le téléphone pour appeler Samantha. Elle a répondu à la dernière sonnerie, toute excitée.

    -Léna ? J’allais t’appeler, justement ! Marie-Solange avait raison, tu sais, la fin du monde a bien lieu ce soir… ou plutôt demain, puisque c’est à minuit !
    Marisol Dumont est notre autre amie, une jolie blonde aux joues rebondies, qui a le défaut d’être pessimiste… en toute circonstance. Mais elle a aussi beaucoup d’humour, c’est donc pour cela qu’elle est mon amie. Mais j’avoue avoir une petite préférence pour Samantha, que je connais depuis la maternelle, avec qui je partage tout ; c’est elle qui me comprend le mieux.
    -Tu as l’air d’être contente que cette météorite passe près de la Terre, Sam…, je n’ai pu m’empêcher de remarquer.
    -C’est historique ! Je vais prendre des photos géniales, tu verras, et je les vendrais aux journaux les plus connus !
    Ai-je oublié de mentionner que Samantha rêve de devenir photographe ? Je pense que ça parait logique.
    -Oui… mais je suis un peu inquiète, Sam. Et si l’astéroïde percute la Terre ?
    -Je ne te savais pas aussi pessimiste que Marisol…, a pouffé mon amie. Je te laisse, d’accord ? À demain. Cette soirée va être splendide !
    Elle a raccroché, me laissant encore plus perplexe que tout à l’heure. J’ai rejoint maman dans le salon, toujours scotchée aux informations. Le présentateur, un grand sourire aux lèvres, annonçait que la météorite devrait frôler la Terre dans un peu plus de trois heures. Sur les images, on voyait des gens de tous les pays – Anglais, Congolais, Portugais, Français, Japonais, Américain – déjà assis devant leur maison, souvent entre voisins ou entre amis, pour regarder le phénomène en direct.
    -Ce genre d’évènement n’a lieu que tous les deux mille ans environ, a précisé le journaliste, toujours avec son sourire agaçant sur le visage.
    Maman a poussé un long soupir et a éteint la télé. Elle semblait épuisée.
    -Je vais prendre une douche, Léna. Demande à Mme Moreau si elle veut regarder la météorite avec nous, tu veux bien ? Cette pauvre dame se sent seule depuis que son mari est mort.
    Elle n’a pas ajouté « Et moi aussi, depuis que ton père est mort… », mais je sentais la souffrance dans sa voix. Je n’ai même pas eu le temps de répondre, elle était déjà partie.
    Je suis donc sortie de la maison pour aller chez la voisine. Dehors, il faisait plutôt frais ; mais c’était une belle soirée d’automne – la dernière avant l’hiver, demain. D’ailleurs, il n’avait pas fait trop froid ces derniers jours, chose rare en plein Décembre.
    Mme Moreau habite une charmante maison, semblable à la nôtre – toutes les maisons se ressemblent dans la rue -, bordée d’un jardin fleuri qu’elle se plaisait à entretenir chaque jour. Les stores étaient tirés, on aurait pu croire qu’elle dormait déjà. Je savais pourtant qu’elle regardait son feuilleton quotidien, comme chaque jour. Il m’a suffit de frapper deux fois à la porte et elle s’est ouverte immédiatement. Mme Moreau n’a que cinquante-deux ans, elle a gardé sa vitalité et son humour d’antan. Elle a parut enchantée de me voir, et son visage ridé s’est aussitôt éclairé. Elle a passé une main dans ses cheveux poivre et sel – assaisonnés, comme dit mon frère – avant de m’inviter à entrer.
    -Léna, comment vas-tu ma petite ? Un peu de chocolat chaud ?
    J’ai refusé poliment et me suis assise sur le canapé en cuir, le temps que mon hôte éteigne la télé qui braillait le générique de la série. Apparemment, j’avais fait mon entrée au bon moment, puisqu’elle venait de finir.
    -Maman vous propose de venir voir la météorite percu… euh, passer près de la Terre avec nous.
    Mme Moreau a eu un sourire éclatant, comme si elle s’attendait à cette invitation. La phrase qui suivit ne fit que confirmer mes soupçons :
    -Je te remercie, ça me ferais vraiment plaisir. J’ai préparé des petits biscuits et du jus d’oranges pressées, d’ailleurs… je pourrais les apporter !
    Norbert, son fainéant de chat noir, s’est installé sur mes genoux pour faire sa toilette. Son pelage doux me faisait toujours penser au pull angora de Samantha, celui qu’elle détestait mettre car sa grand-mère l’avait tricoté elle-même.
    Mme Moreau et moi sommes donc rentrées à la maison, une carafe de jus d’orange et un plat de gâteaux dans les mains. Il n’était que vingt-et-une heure, encore trois heures à attendre.

    Maman et la voisine ont discuté de tout, sauf d’astéroïde et de fin du monde – en gros les sujets qui me paraissaient important aujourd’hui. Je n’aime pas les conversations d’adultes, inintéressantes et ennuyeuses, alors j’ai préféré me réfugier dans ma chambre lire un peu. Comme par hasard, le livre parlait de météorite, de lune qui s’approchait dangereusement de la Terre, d’extraterrestre et de fin du monde. Je l’ai rapidement rangé sur une étagère ; ce n’était vraiment pas le moment de penser à ça.
    Mon ordinateur était allumé, Damien avait dû s’en servir pour jouer sur Internet. J’ai foncé sur ma messagerie, où quelques connaissances m’avaient laissées un message. Il y avait Marisol, qui déclarait : « Fin du monde demain… bonne chance à tous, essayez de survivre  », et Samantha : « Que personne n’écoute Marisol ! On a encore le temps et le droit de vivre. » D’autres amis m’a également envoyés des messages ou des liens, traitant tous sur la fin du monde… j’ai éteint mon ordinateur, agacée. Tout le monde n’avait que ça à la bouche ! Qu’ils redescendent sur Terre… demain, tout serait terminé. Dans le bon sens, je l’espère… il n’y a plus qu’à attendre. Nous verrons bien.

    21 décembre 2012 :

    Minuit, enfin ! Dans la rue, tout le voisinage s’était amassé devant les maisons, la tête tournée vers le ciel. C’était drôle, ou plutôt angoissant… j’avais l’impression que quelque chose d’important allait arriver, mais d’être la seule qui ne s’en souciait pas.
    Maman a sorti les chaises de jardin et les a installées sur le trottoir. Nous voilà tous assis, guettant le ciel. Mme Moreau a fait passer les biscuits tandis que mon frère a versé du jus d’orange dans des gobelets en plastique. Je ne pouvais ni boire, ni manger. Mon estomac était tellement contracté que j’aurais tout vomi.
    Un cri a retenti soudain, et toutes les têtes, dans la rue, se sont tournées vers le ciel. Fausse alerte… l’idiot qui s’est amusé à jouer avec nos nerfs doit bien ricaner.
    Il devait être minuit dix-neuf quand un rayon de lumière a éclairé le ciel. La lune venait de « ressortir » d’un nuage qui l’avait cachée depuis quelques minutes. Elle ressemblait à un spectre blanc flottant dans l’espace… vision morbide. Depuis que papa est mort, il y a deux ans, je vois la mort partout. Petit problème que les psychologues n’arrivent pas à comprendre.
    -Là ! a crié Mme Moreau en se levant brutalement.
    Le plateau de biscuits est tombé par terre, mais personne ne s’est penché pour le ramasser. Tout le monde regardait le ciel. La météorite n’était qu’une grosse boule à peine moins sombre que la nuit, qui fonçait vers nous. Vers nous… vers la Terre. Et non pas à côté de la Terre. Elle devenait plus grosse au fur et à mesure qu’elle s’approchait. J’ai entendu un hurlement et une femme s’est précipitée dans sa maison, qu’elle a fermée à double tour. J’étais pratiquement sûre qu’elle était roulée en boule dans son lit… peut-être avait-elle raison ? Personne ne savait où l’astéroïde allait atterrir.
    -Maman ! a crié Damien en serrant ma mère contre lui. Vite, il faut rentrer !
    Autour de nous, c’était l’effervescence : la plupart des gens couraient pour rentrer chez eux, terrifiés par l’ampleur que prenait la météorite, d’autres avaient le visage rivé dessus, incapable de se détacher de cette… chose, qui tombait vers nous. Je faisais partie de ceux-là.
    Mme Moreau m’a tiré par le bras, et j’ai eu le temps de remarquer que maman rangeait les chaises précipitamment. Damien était dans la maison, je voyais son air horrifié derrière la fenêtre du salon.
    -Rentre, Léna, s’est exclamé Mme Moreau. Cette chose me fait peur.
    Elle est rentrée également dans notre maison, à ma suite, et nous nous sommes précipités vers la fenêtre. On a alors entendu un choc énorme, puis l’astéroïde a disparu.
    -Il est dans Montebourg ? a glapit Damien en se cachant derrière les rideaux.
    J’ai secoué la tête ; si c’était le cas, on l’aurait vu de beaucoup plus près. Il avait certainement atterri à des centaines, voir des milliers de kilomètres de notre village.
    Maman venait d’allumer la télévision, le visage grave, tandis que Mme Moreau nettoyait la carafe de jus d’orange.
    -Norbert ! s’est-t-elle écriée. Je dois aller chercher mon chat !
    Avant que je puisse la retenir, elle était déjà partie. Je me suis assise près de maman pour regarder les informations. Le présentateur ne souriait plus du tout et avait l’air choqué. Des images de la météorite passaient en boucle sur l’écran.
    -Nous venons d’apprendre que l’astéroïde tant attendu a non seulement dévié de sa trajectoire, mais a également percé la couche terrestre. Il a atterri dans l’océan Atlantique, provoquant un raz-de-marée extrêmement important. Nos scientifiques tentent de comprendre la déviation de la météorite mais sont formels : si aucun plan d’évacuation n’est mis en place, la côte Ouest de l’Europe et de l’Afrique, ainsi que toute la côte Est de l’Amérique, seront englouties par les eaux d’ici une dizaine d’heure. Les Présidents des pays concernés – notamment la France, le Portugal, le Royaume Uni, l’Espagne, le Maroc, la Tunisie, les États-Unis, le Canada, le Pérou, le Mexique et le Brésil – se réuniront d’urgence dans une heure environ. Avis à toute la population ! Fuyez le plus vite possible les côtes et mettez-vous à l’abri. Le raz-de-marée prévu aura une telle importance qu’il pourrait engloutir également le reste des populations, et entraînera certainement des cyclones et des tremblements de Terre.
    Maman a éteint la télévision, abasourdie, et a pris sa tête entre ses mains. J’étais tellement ahurie que je n’ai pu sortir un mot. J’ai tourné la tête et ai juste eu le temps d’apercevoir Damien, choqué, qui me fixait avec des yeux ronds comme des soucoupes. Une larme a roulé sur sa joue et il s’est précipité dans sa chambre, avant que je puisse le rattraper. J’ai eu beau tambouriner comme une folle contre sa porte, il l’avait bloquée avec son coffre à jouets et sa chaise de bureau.
    -Damien, écoute-moi !
    -Non, vous m’avez menti, maman et toi ! Je savais que c’était la fin du monde, et vous m’avez dit que non ! J’ai eu tort de vous croire !
    -Damien, écoute-moi, je t’en prie ! On n’en savait rien. Je te le jure.
    Quand je suis retournée dans le salon, maman et Mme Moreau était en grande discussion. Cette dernière tenait Norbert contre elle, guère décidée à le lâcher. Maman s’est tue quand elle m’a aperçut et m’a attirée contre elle en m’embrassant le crâne. Je crois qu’elle pleurait.
    Mme Moreau s’est assise sur le canapé, l’air de réfléchir. J’avais vraiment été stupide. La fin du monde allait, devait arriver, mais j’avais tout fait pour repousser cette idée.
    -Ils ne savent pas pourquoi cette… chose a dévié ? a demandé Mme Moreau.
    Maman a simplement secoué la tête ; on aurait dit qu’elle réfléchissait, elle aussi. J’aurais aimé savoir à quoi. Mais je n’ai pas eu le temps de poser la question, car elle m’a ordonné d’aller me coucher. Je sentais que demain – ou plutôt aujourd’hui, il était plus de minuit – serait une longue journée… le pire restait à venir.

    A SUIVRE…

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